lundi 26 mai 2014

#3 Moins que zéro de Bret Easton Ellis



Avertissement : si les romans basés sur une jeunesse dorée au nez enfariné t'horripilent alors passe ton chemin : ce livre te brûlera la rétine.


                                                                              Moins que zéro est un roman de Bret Easton Ellis. Si tu ne connais pas Bret Easton Ellis sache qu'il est le papa du très culte American Psycho. Si tu ne connais pas American Psycho sache que cela arrive au meilleur d'entre nous et clique ici. Sorti en 1985, ce premier roman est celui qui propulse à seulement 21 ans l'auteur en haut de l'affiche. Considéré comme un des écrivains les plus doués de sa génération, ses romans sont pour la plupart des peintures d'une jeunesse en perdition qui, pourtant, aux premiers abords, a tout pour réussir. L'univers est particulier à l'instar du style d'écriture, minimaliste



Le topo : Moins que zéro, c'est l'histoire de Clay, 18 ans, qui retourne à Los Angeles pour les vacances de Noël. Clay est riche, étudie à l'université de Camden dans le New Hampshire, il a trois mille potes et seulement... Ah non, pas de véritable ami à l'horizon. La plupart de son temps se consume en soirée, en excursion chez son dealer, on se tape une ligne de coke, on finit à nouveau en soirée, on boit dans un bar, on baise dans un bar, on dort puis on recommence. Rien de bien folichon en somme. Tout au long du livre, d'étranges événements se produisent et Clay se sent de moins en moins à l'aise avec les gens qui l'entourent : la famille, les amis de longue date... La décadence, la violence et le non-sens du mode de vie des classes supérieures californiennes lui apparaissent peu à peu, sans que cela soit explicité.²
Moins que zéro, c'est donc l'histoire d'une jeunesse dorée désillusionnée avant même d'avoir atteint la majorité.



Mon avis : Je dois bien l'avouer, j'ai toujours aimé les personnages débridés, un peu glauque, légèrement dérangé et dérangeant. C'est ma manière de vivre par procuration de folles aventures à travers l'encre du papier. Transgresser l'interdit, l'univers de la drogue (douce et dure), du sexe facile : ça a un côté drôlement excitant, ne dites pas le contraire. Bon après, on ne va pas se le cacher, l'histoire en elle-même de ce roman est à chier car répétitive et plutôt flou, mais ce qui est intéressant, c'est la réflexion que nous offre l'auteur. En somme, si tu es là pour les sensations fortes, trace ta route.

Moins que zéro est un roman de 200 pages seulement qui se divise en très court paragraphe. Certains sont en italiques et c'est eux qui nous aident à comprendre ce personnage principal apathique ainsi que son enfer quotidien. En ce qui concerne les autres personnages : on en croise une multitude, pour la plupart dépressif, dont la seule ambition est de se défoncer la tête. Tous se ressemblent mais sont à la fois si différents et singuliers les uns des autres que s'en est étrange. La vie qu'ils mènent est dénué de sens, de but. Ils n'ont plus aucune valeur. (s'ils en ont eu un jour) Clay, le héros, est vraiment mou et se laisse clairement porter par le vent. Il ne s'investit pas et parvient à faire abstraction des sentiments qu'il ressent. D'ailleurs, tout le livre est fait ainsi : avec Ellis, on ne fait pas dans les sentiments. Et c'est surement cela qui rend ce roman si froid et peu entraînant. Ce sentiment de vide émotionnel que l'on retrouve chez les personnages a un impact conséquent sur le roman.

 La réflexion que nous offre l'auteur est pourtant très intéressante malgré son scénario très flou. Le livre commence sur ces deux phrases : "Les gens ont peur de se perdre sur les autoroutes de Los Angeles. C'est la première chose que j'entends quand je reviens en ville." Traduction ? On entre vraiment directement dans le vif du sujet. L'absence évidente et absolue de repères dans la vie de ceux qui devraient être aidés : cette jeunesse perdue. Bret Easton Ellis nous dresse le portrait d'une jeunesse qui creuse sa propre tombe, abandonné à son propre sort et dont l'absence de véritable figure parentale crève les yeux. Au fond, ici les parents sont eux aussi de grands enfants que l'on retrouve aux fêtes des leurs... Pas facile de grandir dans ce genre de milieu. L'idée de tout avoir et de ne rien avoir à perdre à la fois est omniprésente. Peut-être est-ce vrai que l'argent ne fait pas le bonheur après tout ?
                       
Au bout d'un certain temps, vu que l'histoire tourne en rond, on finit par s'ennuyer avec le héros qui lui-même s'ennuie de sa propre vie. On finit même par s'ennuyer du personnage qui, finalement, n'est qu'un mec qui ne s'investit pas, qui se laisse seulement vivre et ne cherche pas non plus à arranger les choses, il faut le dire. C'est difficile de plaindre quelqu'un qui s'en fout. Mais en réalité, on se rend compte au fur et à mesure de notre lecture que la vie d'élite n'est pas toujours très joyeuse : Clay est en vie physiquement, mais au niveau psychologique, c'est tout autre chose... 

Clay cherche ses limites et il y a quelque chose dérangeant dans ce voyeurisme, quelque chose de malsain dans cette lecture qui nous rend triste de devoir abandonner ces p'tits cons à leur vie de consumériste... (mais que fait Pascal le grand frère ?)




Les mots de la fin : 
  • Finalement, Moins que zéro est un roman sur la solitude et dont la meilleure des solutions pour ne pas souffrir a été trouvé par le héros : être seul.
  • Je l'avoue, l'absence de rebondissement dans l'histoire m'a fait abandonné ce bouquin sur le coin de ma table de chevet pendant un bon bout de temps. Mais j'ai tenu le coup, curieuse de savoir où l'auteur voulait en venir et j'ai donc reprit ma lecture. Malheureusement, la fin m'a laissée sur ma faim. Quel est le but de ce roman en fait ? Certainement celui de lire la suite, sorti plus de 25 ans après. 
  • Je n'ai pas vraiment accroché au style d'écriture de la traduction et c'est ce qui me conforte dans l'idée que j'aurai du lire ce livre en VO...


Quelques citations :
« Et pendant que l’ascenseur descend, passe au premier étage, au rez-de-chaussée et descend encore, je comprend que l'argent est sans importance. Qu'une seule chose compte : je désire voir le pire. »
« Je ne veux pas de l'amour. Si je me mets à aimer des trucs, je sais que ça va être pire, que ce sera encore une chose qui me causera du souci. Tout est moins douloureux quand on n'aime pas. » 
« On peut disparaître ici sans même s'en apercevoir. » 


Conseil : certaines scènes ne sont pas à reproduire, hein... 


Smouick, Mina.

Photo : tumblr &google image.
       ² : wiki.

1 personnes ont commentés ma connerie:

Jérémie a dit…

Merde... Je déteste les romans basés sur une jeunesse dorée au nez enfariné... je me souviens que j'étais tombé sur ce bouquin et que l'histoire m'avait rebuté. Autant j'aime les histoires de solitudes, autant l'univers décrit ici ne m'attire pas du tout. Ta critique m'a convaincu que j'avais bien fait de préférer lire le Seigneur des Années à ce bouquin! :p

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Smouick.